Manuel LUQUE
1 mars 2004
Celui d'Henriette CHARDAK en plus de ses qualités littéraires, est étayé par une documentation très riche et précise. C'est pourquoi j'avais été ``alléché'' par un article d'Henriette CHARDAK paru dans le Ciel&espace de janvier 2001, dans lequel elle précisait les raisons qui l'avaient poussée à écrire un livre dédié à Tycho BRAHÉ, voici le début de son article :
Les qualités littéraires, le foisonnement de détails sont toujours-là, avec des pages sublimes sur lesquelles je reviendrai. S'il faut comme pour KEPLER faire des comparaisons, faisons un tour d'horizon sur les ouvrages en français existant sur Tycho BRAHÉ.
Évidemment tous les livres précédemment cités font une large place à Tycho BRAHÉ tant leurs deux destins (scientifiques) sont intimement liés ! Dédiés plus précisément à Tycho BRAHÉ j'ai lu :
Pour en revenir au livre Henriette CHARDAK, s'il y a un reproche que je ferais c'est qu'il n'y a aucune illustration ! Où est située cette fameuse île d'Hven (Hveen) sur laquelle Tycho BRAHÉ édifia des observatoires ? Une carte aurait été la bienvenue, ainsi que pour suivre, par la suite, les pérégrinations de tous les protagonistes du livre à travers l'Europe (c'est ce que j'avais aussi regretté dans son livre sur KEPLER).
Sur cette fameuse île d'Hveen, on peut lire dans l'encyclopédie de l'Agora un excellent texte de 1860[10] : ``Une excursion à l'île d'Hveen'' par M.DARGAUD, dont voici l'introduction :
Les pages sublimes, nous y voilà ! Elles sont toutes tellement chargées
d'émotion qu'il est difficile de faire un choix ! J'ai choisi un extrait de
la mort de Tycho BRAHÉ (pages 472-473). Pour faire une comparaison,
je place à la suite le récit de cette agonie relaté par John
BAINVILLE(pages 113, 114 et 115) : à vous de faire décider celui que vous préférez...
Le récit d'Henriette CHARDAK :
J'ai choisi ensuite les pages sur la Leçon d'anatomie de
JESSENIUS (pages 433, 434 et 435). JESSENIUS était un jeune médecin
anatomiste, ami de BRAHÉ et KEPLER, qui fit une séance de
dissection publique en présence de l'empereur RODOLPHE II, de
BRAHÉ, de la cour, de professeurs, de prêtres et de médecins. Moins
connu que d'autres médecins de la Renaissance comme VÉSALE, dont le
tableau ci-dessous, intitulé Leçon d'anatomie de Vésale, illustre
sur une double page le cahier de Sciences&Vie consacré à Ambroise
PARÉ et qui se trouve au musée des beaux-arts à Marseille3. Il s'agit du texte
admirable de JESSENIUS retranscription de sa leçon, dont Henriette
CHARDAK a donné des extraits dans une remarquable traduction4.
Pour conclure, je voudrais poser la question suivante :
« Et si KEPLER, après sa première brouille avec BRAHÉ n'était pas revenu à Prague ? Que se serait-il passé ? L'histoire de l'astronomie, des sciences, de notre histoire (simplement) aurait-elle été la même ? »
Ce procédé est bien connu, on parle d'uchronie et de grands auteurs ont utilisé ce procédé avec plus ou moins de bonheur (si Hitler avait gagné la guerre quel serait le monde aujourd'hui ? etc.). Mais pour en revenir à ma question, il est évident que KEPLER n'aurait pas pu résoudre l'énigme de la rétrogradation de Mars sans les mesures de BRAHÉ. Mais alors NEWTON dont on sait combien il est redevable à KEPLER, aurait-il découvert la loi de la gravitation universelle ? Nous voyons donc toutes les conséquences en chaîne qui en auraient découlé...Il ne faut peut-être pas laisser notre imagination galoper trop loin. En effet n'oublions qu'en 1610, pour la première fois un homme : GALILÉE, pointe une lunette de sa fabrication vers le ciel et découvre un univers que nos sens ne pouvaient appréhender. Le perfectionnement de cette lunette astronomique, l'invention du télescope (coucou, revoilà NEWTON), allaient permettre de faire des observations et des mesures beaucoup plus fines que celles de BRAHÉ et toutes les découvertes que nous connaissons auraient été faites quand même, mais BRAHÉ, KEPLER et NEWTON ne seraient peut-être pas dans le Panthéon des Sciences, mais...qui à leur place ?